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05 mai 2020

Lumapps : Future licorne créée par Elie Mélois (ECL 2011)

Lumapps est ce qu’on appelle dans le jargon des startups à succès une future licorne : une société valorisée à plus d’un milliard de dollars. Sa plateforme intranet sociale et collaborative a déjà séduit près de 350 entreprises telles que Airbus, Chanel, Motorola ou encore Colgate-Palmolive, avec un total de 4 millions d’utilisateurs à travers le monde. Pour nous parler de cette incroyable success story, nous avons rencontré un de ses trois fondateurs, Elie Mélois (ECL2011).


Bonjour Élie. Si je te demandais de pitcher Lumapps en quelques mots ?

Je te dirais que la mission de LumApps est d'aider les employés de nos clients à avoir un meilleur sentiment d'appartenance à leur entreprise et de donner du sens à leur travail. Notre croyance est que cela passe par l'accès à la communication, la culture et la connaissance pour tous, et qu'un employé informé et aligné sur un projet d'entreprise qui a du sens est un employé engagé. C'est une plate-forme SaaS (software as a service), disponible sur web et mobile, qui permet de centraliser les communications et contenus de références et d'échanger de façon plus horizontale dans des communautés, tout en étant très intégrée avec le système d'information cloud des clients (Microsoft, Google, Workday, Salesforce, etc).

 

 

Quel est ton rôle dans Lumapps ?

Je suis CTO, Chief Technology Officer (ou Directeur Technique en Français) et mon rôle est de faire en sorte que nous puissions apporter des solutions satisfaisantes et innovantes à nos clients au travers de notre technologie.

 

Présente-nous tes associés. Comment les as-tu rencontrés ?

J'ai fait mon TFE et mon premier poste chez gPartner en 2011, dirigée par Sébastien Ricard et Lionel Grivel avec qui nous avons créé LumApps en 2012 (pas de lien avec gPartner) avec un constat simple : nous voulons faire une société d'édition mondiale autour des technologies Google (Sébastien et Lionel ont fondé plusieurs sociétés ensemble). Cette association (7 personnes au total) fonctionne bien car elle mélange des générations, des sensibilités et des métiers très différents, ce qui nous permet d'avancer vite.

 

Te souviens-tu de la naissance de l'idée à la base de Lumapps ? Y a t-il eu un « Eureka » ou était-ce plutôt en mode "pourquoi pas" ?

L'idée du produit LumApps vient d'une belle rencontre avec un client : Veolia. Nous avions repéré un espace possible sur ce segment dans le monde Google et Veolia (client Google) souhaitait lancer une plate-forme pour unifier plus de 120 000 personnes derrière un groupe, une culture ("One Veolia") : LumApps était né.

 

Comment passe t-on d'une idée/concept au lancement d'une société en 2012 ? Quelles ont été les grandes étapes ?

Au début, nous savions que nous voulions faire de l'édition mais nous n'avions pas d'idée arrêtée pour le produit. Donc nous avons fait des développements spécifiques pour des clients, avant d'avoir l'idée du produit début 2015, avec Veolia. Nous avons lancé le produit en avril 2015, sur 120 000 employés chez Veolia, ce qui nous a donné des cas d'usages et une belle histoire à raconter, cela nous a amené à gagner des clients en France en 2015.

 

Début 2016, j'ai eu la chance de partir 3 mois à San Francisco, pour voir si le produit répondait bien aux besoins locaux, pour renforcer la relation avec Google et trouver les premiers clients. Cela nous a permis d'être recommandé officiellement par Google fin 2016 (à coté d'une quinzaine de solutions comme Docusign, Asana…) puis de gagner nos premiers grands clients américains en 2017 (Electronic Arts, Colgate...). S'en est suivi notre première levée de fonds indispensable pour accompagner notre croissance (nous sommes alors une petite cinquantaine d'employés). Suivent une deuxième levée fin 2018, puis une troisième fin 2019, en doublant notre nombre d'employés et nos résultats tous les ans.

 

Dans toute success story, il y a des moments charnières qui font basculer l'aventure du bon côté. Quel a été ce moment selon toi ?

C'est une bonne question, il y en a bien évidemment beaucoup, mais si je devais en retenir un, en plus des levées de fond, je pense que c'est l'entrée dans le programme de recommandation mondial de Google. Cela nous a pris beaucoup de temps pour rencontrer les bonnes personnes, gagner leur confiance, valider la cohérence des roadmaps, des messages, contrôler la sécurité et la qualité du produit, etc... Plus d'un an de travail, qui nous a ouvert les portes d'un très beau partenariat fin 2016 : le seul produit de communication pour entreprises recommandé officiellement par Google et ses équipes auprès de tous leurs clients, au niveau mondial. Nous avons été mis sous les projecteurs et cela nous a beaucoup aidé à gagner la confiance de grands clients.

 

Qu'est-ce qui selon toi (et les utilisateurs) fait la différence  par rapport aux solutions concurrentes ?
Je pense que c'est notre ambition et notre capacité à atteindre cette ambition. D'ici 3 à 5 ans, notre voulons être le leader mondial de notre marché de la communication, culture et connaissance en entreprise, à côté de Salesforce (CRM), Workday (HR), ServiceNow (Operations)... Nous avons une approche 100% SaaS (software as a service) et 100% Cloud, de gros investissements en R&D dans l'optique de construire une plate-forme et l'écosystème associé et un financement que nos concurrents n'ont pas (dernier levée de fonds de $70M avec Goldman Sachs en Décembre 2019).

 

Les levées de fond apportent on imagine beaucoup de confiance dans le travail accompli et la direction prise par la société. Mais y a t-il encore une place pour le doute, la peur de ne pas y arriver ? Ou à l'inverse, avez-vous atteint un seuil qui vous permet d'être serein quant à l'avenir ?

Je pense qu'il y a toujours une part de doute, et c'est plutôt sain. La situation actuelle appelle à beaucoup d'humilité... Même avec un modèle financier solide, des clients reconnus et des levées de fonds importantes, l'innovation et la (très forte) croissance possèdent une grande part d'inconnu et aucun des fondateurs n'a déjà vécu d'histoire à cette échelle : nous apprenons donc pas à pas. Fort heureusement, nous sommes bien entourés et nous avons la chance d'avoir des équipes d'excellent niveau. Cela nous amène à toujours regarder de l'avant, c'est d'ailleurs une de nos valeurs d'entreprise : "be bold; do amazing things!" ou comment conquérir le monde depuis Tassin-la-demi-lune.

 

Avec du recul, si tu pouvais revenir en arrière et t'éviter de commettre une erreur que tu as faite dans le cadre de Lumapps, quelle serait-elle?

Nous sommes actuellement en plein projet de changement d'architecture du produit, pour la rendre plus flexible et scalable (le projet s'appelle Haussmann, car nous partageons les mêmes objectifs que lui pour Paris à l'époque : embelli, agrandi, assaini). Si je pouvais revenir en arrière, j'essayerai de faire ce projet plus tôt. Cela dit, il est toujours facile de refaire l'histoire quand on a toutes les données ;-)

 

Quels sont les axes de développements actuels de Lumapps ?

Nous en avons plusieurs d'un point de vue entreprise, avec notamment l'ajout de nouvelles géographies, la volonté de devenir leader mondial sur les entreprises qui utilisent la suite cloud Microsoft (c'est déjà le cas pour les clients Google), et le développement du produit pour toucher plus de monde (les "frontline workers" qui sont aujourd'hui oubliés des systèmes d'informations des entreprises ainsi que les clients/partenaires/fournisseurs de nos clients) et accélérer aussi fortement notre approche plate-forme avec la construction d'un éco-système de partenaires technologiques.

 

Quelle place a la R&D dans l'activité de la société ?

Une grande place. Nous sommes une société d'édition, le produit et son développement sont au cœur des investissements. Aujourd'hui, il y a presque la moitié des effectifs qui travaille sur le produit.

 

Recrutez-vous des ingénieurs chez Lumapps ? Si oui quels profils recherchez-vous ?

Nous recrutons très régulièrement des ingénieurs, à différents postes, dans les équipes R&D mais pas que (avant-vente, vente, support...). Les profils sont assez variés, principalement des écoles généralistes (Centrale, INSA...) ou spécialisées en informatique.

 

Exemple de remontée et partage d'informations au sein d'une équipe sales

 

Parlons si tu le veux bien un peu de toi. Tes études à Centrale t-ont elles aidé (et t'aident-elles encore aujourd'hui) dans le développement de Lumapps ?

Oui bien sûr, tous les jours. Principalement dans la capacité à apprendre rapidement sur des sujets très variés et à synthétiser ces connaissances, aussi par une culture générale scientifique, mais pas que ! (les cours de Nicolas Hourcade étaient aussi passionnants par exemple). L'autre aspect que j'ai beaucoup apprécié à Centrale c'est le sport et l'associatif, pour ma part du basket et l'équipe organisatrice du Challenge : ce sont des fondamentaux qui sont très utiles pour le management au quotidien (et cela tisse des liens : je reviens régulièrement faire des enquêtes découvertes avec Jean Cotinaud par exemple).

 

As-tu le sentiment d'avoir encore aujourd'hui un métier d'ingénieur ?

Oui, dans la mesure où je dois constamment résoudre de manière systématique les problèmes qui se présentent à moi. Ils peuvent être de différents types : techniques, fonctionnels, organisationnels, humains, etc mais la démarche et la discipline associées sont celles d'un ingénieur.

 

Décris-nous une journée type ?

C'est une question compliquée, il n'y a pas vraiment de journée type et c'est cela qui rend ce métier passionnant. Parmi les activités que je rencontre : du management de managers et de business unit (Product/Engineering), des réflexions sur la vision/stratégie/roadmap du produit, des rendez-vous avec des clients et des prospects pour défendre cette vision et les convaincre de travailler avec nous, du recrutement, de l'aide à la résolution de problème technique, des réflexions sur l'architecture du produit, des rendez-vous avec le conseil d'administration et les investisseurs, de l'animation sur la culture LumApps et l'usage de notre produit en interne…

 

Que préfères-tu le plus dans ton travail ?

Sans hésiter la diversité et la complexité des challenges à relever. Chaque jour a son lot de surprises, aucune année ne se ressemble pour le moment. Nous avons fait un kick-off en janvier avec tous les employés : se retrouver face à 200 personnes permet de matérialiser le chemin parcouru. Cela force aussi à relativiser et à prendre chaque moment comme il vient.

 

Et inversement le moins bon côté de ton travail ?

C'est sûrement de ne pas réussir à gagner la confiance d'un client face à un concurrent... heureusement cela n'arrive pas trop souvent ;-)

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