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18 septembre 2018

Micro-management : Comment les fondateurs tuent leurs propres startups

Le micro-management n’a jamais fait de bien à aucune société. Pour les startups, cela peut même être fatal.


Les startups offrent certes moins de bénéfices et des salaires plus modestes que les grandes entreprises. Pourtant, elles parviennent à attirer un vivier de talents, grâce à la promesse d’un environnement propice à l’apprentissage et à un développement personnel exponentiel.

Mais que se passe-t-il quand un fondateur fait du micro-management ? Ca peut être fatal au moral, à la croissance voire même à la startup elle-même

C’est en tout cas une réalité à laquelle ont été confrontées plusieurs des 30 startups présentes au sein de notre Venture Builder Creatella.

L’alternative à ce micro-management porte le nom d’ “empowerment” - un terme anglais qui traduit la volonté de responsabiliser et d’émanciper les talents à travers un management moins compartimenté.


J’ai
pu observer cette dynamique dans la startup de jeu vidéo mobile Bank of Innovation tout au long de son développement de 30 à 200 employés en l’espace d’un an. La direction a atteint cette croissance effrénée grâce à l’empowerment de personnes clés, recrutées spécifiquement pour leur manque d’expérience dans cette industrie.

Leur pari ? Que ceux n’ayant pas connaissance des limites technologiques de cette industrie dépassent ces limites sans même s’en apercevoir.

Le management confiait à ces nouvelles recrues un degré avancé de responsabilité sur leurs profits et pertes, recrutement et management de leurs équipes, et une totale liberté d'initiative concernant le produit.

Ce niveau d’empowerment leur fut essentiel, insufflant à leurs équipes un esprit entrepreneurial et une motivation hors pair. Il a également permis à la direction de découvrir les meilleurs managers et les assigner aux plus gros projets.

 

Les écueils des micro-managers

Tout d’abord, les fondateurs attirés par le micro-management éprouvent de grandes difficultés à assurer une croissance rapide et soutenue. En effet, le manque de responsabilisation mène inévitablement à la création d’engorgements, ralentissant la vitesse de prise de décisions, un ingrédient clé de la croissance.

Ces engorgements peuvent à leur tour faire basculer l’équipe vers un management de crise, avec une conséquence perverse : les petits soucis accaparant plus d'attention, de temps et de ressources qu’ils ne devraient. Pire encore, les décisions les plus importantes et dégageant le plus d’impact pour l’avenir de la startup, sont souvent repoussées à plus tard, impactant directement la dynamique de la société.

Deuxièmement, le micro-management épuise et faire fuir les meilleures recrues. Les talents sont souvent attirés par les startups car ils veulent bâtir et faire partie de quelque chose qui dépasse le simple cadre de l’entreprise.

Les milléniums en particulier veulent générer de l’impact, avoir une influence positive sur le monde. Le micro-management coupe leurs ailes et fait fuir les meilleurs contributeurs, particulièrement les plus créatifs et ambitieux. Toute société doit aviver la créativité, mais les startups, pour qui l’innovation est un élément fondamental, en ont besoin comme de l’oxygène.

“On ne développe pas une société. On développe une équipe, et l’équipe développe la société” Zig Ziglar, conférencier motivationnel

Troisièmement, le temps passé en micro-management détourne le chef d’entreprise de ses missions primaires : voir grand et ébaucher la vision de la startup, faire croître les opérations et trouver les ressources pour que la machine tourne sans heurt.

Une startup qui fonctionne sur le principe du micro-management est souvent une entreprise avec un taux élevé de renouvellement des équipes. Une donnée qui peut décourager les investisseurs et les conseillers, limitant l’accès de la startup aux ressources de financement nécessaires.

Zig Ziglar, conférencier motivationnel a dit un jour : “On ne développe pas une société. On développe une équipe, et l’équipe développe la société”.

J’ajouterai que la responsabilité du fondateur est de créer le meilleur environnement et la meilleure culture de startup pour attirer les meilleurs talents. Les meilleurs talents à leur tour créeront les meilleurs produits.

 

Comment créer un environnement “d’empowerment”

Ces conseils peuvent s’appliquer aux équipes de toutes tailles, mais ont une signification d’autant plus spéciale au sein des startups, qui ont besoin d’entretenir une culture d’empowerment pour maximiser l’engagement et rétention de leurs talents, et croître rapidement.

1- Croyez en votre équipe

  • N’assignez pas simplement des tâches. Partagez la vision et la mission, puis inspirez votre équipe à passer à l’action.

  • Encouragez l’autonomie en rappelant à vos équipes qu’elles peuvent et doivent utiliser leur pouvoir de décision, au lieu d’attendre que vous vous prononciez.

  • Vous n’avez besoin de suivre qu’une partie du travail réalisé par vos équipes, par exemple les projets avec le plus d’impact. Votre équipe prendra modèle sur ces derniers, appliquant la même qualité d’exécution.

2- Mentorez et supportez votre équipe

  • Détectez les signes de détresse au plus tôt, pour intervenir et aider votre équipe à temps. Encouragez une communication ouverte à propos de la stratégie générale de la startup et de son approche d’exécution, mais ne vous impliquez pas dans les tâches de vos employés de manière trop granulaire.

  • Transformez vos tendances à micro-manager en efforts pour aider et supporter la croissance de votre équipe.

  • Créez de la fidélité au sein de vos équipes en les écoutant afin de comprendre ce qu’elles attendent de leur travail, puis en le leur donnant.


3- Acceptez l’échec

  • Tout le monde fait des erreurs. Assurez vous simplement que vos collaborateurs apprennent rapidement de leurs échecs, et partagez les enseignements à l’ensemble des équipes afin ne pas répéter les mêmes erreurs.

  • En lieu et place de décisions, apportez simplement des conseils. Et acceptez que votre équipe ait des opinions et décisions qui diffèrent de vos recommandations. En cas d’échec, apportez leur tout de même votre soutien tout au long de leurs décisions. Imposer vos décisions sans discussion, ne ferait que saboter vos efforts d’empowerment.

  • Si une décision mène à l’échec, endossez sa responsabilité. Si elle réussit, donnez tout crédit à l’équipe, pour l’encourager, motiver et établir un environnement de confiance.

Dans le cas où il vous soit trop difficile de transformer radicalement la culture de votre startup, commencez simplement par questionner votre équipe sur les avantages et les inconvénients des différentes alternatives à un problème auquel ils font face, quand ils attendent de vous une décision.

Puis, graduellement, faites appel à leurs lumières quant au meilleur plan d’action à mener. Enfin, dites-leur que vous avez confiance en eux et que vous vous fiez à leurs décisions. Ces simples mots peuvent avoir un fort impact sur le sentiment de responsabilité et par conséquent la motivation et l’engagement de vos meilleures équipes !

 

Auteur

Guillaume Catella (Centrale Lyon 2008, INSEAD MBA 2015) est le fondateur et PDG de Creatella, Venture Builder. A travers son rôle et aux côtés de son équipe, il a supporté 30 startups et entrepreneurs en leur apportant les équipes de développement, marketing digital, conseil, et accès au financement. Bénéficiant d’une croissance rapide, Creatella emploie 30 talents à travers le monde, et a étendu ses opérations de Singapour à Paris et New York. Voir l'autre publication de l'auteur

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