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04 février 2021

Fresque de l’Alimentation : Thomas Moulin met les pieds dans le plat

Formateur et référent Lyon pour La Fresque du Climat, Thomas Moulin (E 2013) diplômé en 2017 est aussi Co-auteur de La Fresque de l'Alimentation. Une initiative qui vise non seulement à une prise de conscience des enjeux liés à ce qui se trouve dans nos assiettes, mais aussi à accompagner le grand-public dans l'évolution de ses habitudes de consommation. 


Bonjour Thomas. Tu es co-auteur de la Fresque de l’Alimentation. Peux-tu nous présenter en quelques mots de quoi il s’agit ?
L’idée de départ de la Fresque de l’Alimentation est de proposer une vision systémique de l’alimentation au travers de constats simples et de solutions accessibles. Nous voulions rendre le sujet lisible par le plus grand nombre d’où notre approche grand public des impacts de ce que l’on trouve dans nos assiettes, sur l’environnement, la santé et notre rapport aux autres. Chaque atelier participe ainsi non seulement à la prise de conscience des enjeux de l’alimentation, mais il permet aussi aux participants de comprendre comment faire évoluer concrètement leurs habitudes de consommation.

Comment se déroule les ateliers de la Fresque de l’Alimentation ?
Les ateliers s’inspirent de la pédagogie de la Fresque du Climat, avec une dimension ludique et collaborative importante. Dans un premier temps, nous présentons les aliments les plus consommés en France et les questions et enjeux qu’ils soulèvent comme celui de l’élevage, de la surpêche, de l’utilisation des surfaces agricoles, des pesticides, de la présence d’additifs, de sucre etc. L’étape suivante consiste à identifier les solutions existantes comme : végétaliser son alimentation, privilégier les produits bio, locaux et/ou de saison, limiter le gaspillage alimentaire, ou tout simplement se (re)mettre à faire la cuisine. Pour chacune de ces solutions, on explique les bénéfices  sur la santé, la biodiversité, le climat, voire la vie sociale. Reste ensuite le plus difficile : passer de la théorie à la pratique ! Chaque participant doit s’engager en faveur d’une action collective décidée par le groupe et une durée, comme par exemple manger local pendant une semaine. Il peut également y ajouter une action individuelle complémentaire, comme par exemple « ne pas manger de viande » durant deux semaines. Nous discutons avec eux des freins qu’ils s’attendent à rencontrer et montrons comment les surmonter au travers de jeux pensés pour casser les habituels préjugés.

Tu es aujourd’hui co-auteur de la Fresque de l’Alimentation. Comment t’es-tu retrouvé impliqué dans cette aventure ?
Après mon diplôme à Centrale Lyon en 2017, j’ai débuté ma carrière d’ingénieur chez le transporteur frigorifique STEF. Un choix qui, je le reconnais, peut paraître paradoxale par rapport à mes engagements actuels. Ma prise de conscience a débuté en discutant avec d’autres Centraliens de Lyon qui partageaient les mêmes questionnements que moi. Dès lors, j’ai commencé à faire évoluer mes habitudes, à limiter mes déplacements en voiture, à ne plus prendre l’avion, à consommer bio, local. Cela fait même 2 ans que je suis totalement végétarien. L’idée de repartir vivre dans mon Ardèche natale m’a même traversé l’esprit, mais j’ai compris que c’était en restant en ville, via notamment le milieu associatif, que je pouvais, à mon échelle, participer à faire évoluer les comportements individuels. En 2019, j’ai été sollicité pour animer la Fresque du Climat pour la rentrée des premières années à Centrale Lyon, mais cela n’avait pas abouti car je ne me sentais pas encore assez prêt. Dans la foulée, avec Alexis Klein et Simon Brisard, Centraliens de Lyon eux-aussi, nous avions imaginé un jeu autour de l’alimentation qui aurait impliqué les restaurateurs et commerçants lyonnais déjà mobilisés sur le sujet. Malheureusement, le confinement est arrivé le printemps suivant. J’en ai alors profité pour suivre la formation d’animateur de la Fresque du Climat. Au gré des ateliers et des rencontres, j’ai fait la connaissance de Julien Briton, lui-aussi animateur de La Fresque du Climat, qui m’a parlé de son idée de Fresque de l’Alimentation. Son approche était différente du jeu que nous avions imaginé mais les objectifs allaient dans la même direction. Très vite, je l’ai rejoint dans l’aventure et depuis nous travaillons ensemble à finaliser les ateliers prévus.

Où en est le projet aujourd’hui et l’avez-vous déjà testé ?
Nous avons déjà réalisé 6 tests qui nous ont permis d’ajuster certains points sur le fond comme sur la forme, en fonction des retours des participants. Début février, nous passons aux choses sérieuses avec l’animation de plusieurs Fresques de l’Alimentation durant une semaine auprès de 150 élèves de l’École d’ingénieurs de Purpan. Challenge supplémentaire, nous animerons chaque atelier en anglais ! Ce sera un excellent test pour valider notre démarche et l’étendre ensuite à plus grande échelle.

Existe-t-il un modèle économique pour les Fresques, qu’elles portent sur le Climat, l’Alimentation ou tout autre sujet ?
Même s’il est possible de pouvoir en vivre en intervenant dans des entreprises, animer des ateliers rémunérés peut être assez complexe, surtout avec le contexte actuel. Mais pour répondre à ta question, en règle générale, le coût facturé dépend du public visé. Pour une Fresque du Climat organisée pour les salariés d’une entreprise, le montant dépend de différents critères tel que le nombre de participants par exemple. 10 % de cette somme est ensuite automatiquement reversée à la Fresque du Climat.  Pour la coordination de plusieurs ateliers en École de commerce ou d’ingénieur, les tarifs seront différents. A l’inverse, dans le cadre de festivals ou de petites classes, les prestations sont gratuites.

Pour conclure, quel est selon toi le principal atout de la Fresque de l’Alimentation ?
L’avantage avec l’alimentation réside dans les nombreux leviers qui existent pour changer nos habitudes, avec un impact positif immédiat, que ce soit sur le plan sanitaire, éthique, social ou écologique. Les solutions sont accessibles sans gap technologique ou financier rédhibitoire. D’ailleurs, chaque Fresque de l’Alimentation se termine par une liste des acteurs et producteurs de l’alimentation durable de la région afin d’accompagner les participants au-delà des ateliers. Nous avons plus de 14 façons différentes d’agir sur l’impact de notre alimentation chaque semaine !

 

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